Naturellement silencieux ? – Plantes et acoustique

Les plantes peuvent-elles vraiment atténuer le bruit urbain ?

Un article factuel de Kurt Eggenschwiler

Les plantes ne se contentent pas d’embellir le paysage urbain – elles influencent aussi l’acoustique de notre environnement. Mais quelle est réellement leur efficacité dans la lutte contre le bruit ? Et quelles en sont les limites ? La Ligue suisse contre le bruit a recueilli à ce sujet des évaluations factuelles de Kurt Eggenschwiler, expert en acoustique et en réduction du bruit.

En acoustique, il est important de distinguer différents mécanismes : le son peut être absorbé, diffusé ou réfléchi. L’absorption signifie qu’une surface capte le son, le « avale ». La diffusion disperse le son dans plusieurs directions, tandis que la réflexion le renvoie vers la source. Le terme « atténuation » est fréquemment utilisé dans le langage courant, mais en acoustique, il désigne une réduction ciblée du son au moyen de silencieux (p. ex. pour le bruit des moteurs – Webinaire bruit des moteurs).

Les végétalisations à structure riche ont un effet particulièrement positif sur la diffusion sonore. Les façades densément couvertes de végétation, notamment grâce aux branches et aux feuilles, peuvent disperser le son incident et ainsi contrer la monotonie acoustique. Le type de revêtement de sol joue également un rôle important : alors que les prairies riches en humus absorbent relativement bien le son, les surfaces imperméabilisées comme l’asphalte, le béton ou les dalles de pierre le reflètent presque totalement. Les allées en gravier absorbent peu, mais produisent un bruit caractéristique et agréable lorsqu’on y marche, ce qui enrichit l’atmosphère sonore.

Dans des environnements très bruyants, certaines limites apparaissent, par exemple en cas de réflexions sur un mur ou une façade. Une réduction efficace de la charge sonore de plusieurs décibels grâce à la végétalisation verticale – comme celle nécessaire pour respecter les valeurs limites légales – n’est possible qu’avec des systèmes complexes. Les défis résident dans la structure nécessaire pour garantir une bonne efficacité, le choix des espèces végétales, l’entretien et les coûts. Des développements prometteurs existent toutefois. Les insectes et les oiseaux en profitent également. Il est plus simple d’obtenir une réduction marquée du bruit avec des écrans tels que des buttes ou des talus végétalisés. Ceux-ci interrompent le trajet direct du son, mais nécessitent un espace qui n’est pas toujours disponible en zone urbaine.

Dans des environnements peu exposés au bruit, la question est plutôt celle de la qualité acoustique. Ce que les plantes peuvent y apporter est souvent sous-estimé. Ainsi, des haies denses peuvent, par exemple, réduire nettement les bruits aigus de roulement provenant de routes proches dans les parcs. De plus, les arbustes et les arbres favorisent un paysage sonore agréable en permettant l’émergence de sons naturels comme le bruissement du vent ou le chant des oiseaux. Les arbres reflètent aussi nos voix et bruits de pas de façon agréable et spatiale, contribuant ainsi sensiblement à la qualité du séjour.

À l’intérieur, l’effet des plantes sur l’acoustique reste limité, mais pertinent. Les plantes en pot offrent une absorption sonore modeste, mais elles diffusent le son et améliorent ainsi légèrement l’acoustique d’un espace. Un effet plus marqué peut être obtenu avec de grands systèmes muraux de mousse ou de plantes, ou avec un grand nombre de végétaux. Cependant, pour atteindre une bonne intelligibilité de la parole – nécessaire par exemple dans les salles de classe, restaurants ou bureaux – cela ne suffit pas. L’objectif principal est alors de réduire la réverbération, qui « dilue » la parole et constitue un défi particulier pour les personnes malentendantes. Les plantes seules ne peuvent pas répondre à ces exigences.

Une bonne acoustique intérieure est également une question d’accessibilité. La Loi sur l’égalité pour les personnes handicapées ainsi que les normes correspondantes – telles que la SIA 500 « Construction sans obstacles » et la nouvelle SIA 181/1 « Acoustique intérieure », attendue pour la fin de l’année – imposent des exigences claires. Cela implique une forte absorption, généralement obtenue uniquement grâce à des absorbeurs techniques fixés aux murs et plafonds. Les plantes sont un complément pertinent : elles n’améliorent pas seulement la qualité sonore, mais enrichissent aussi la perception spatiale. Les différents sens – vue, ouïe, odorat, toucher… – se complètent mutuellement et favorisent le bien-être.

Conclusion : Les plantes peuvent apporter une contribution précieuse à la conception acoustique des espaces extérieurs et intérieurs. Dans le contexte actuel d’écologie urbaine et de biodiversité, le moment est idéal pour exploiter pleinement ce potentiel.

 

 

Portrait de Kurt Eggenschwiler

Kurt Eggenschwiler, membre du conseil consultatif de la Ligue suisse contre le bruit, a dirigé de 1999 à 2019 la section Acoustique/Réduction du bruit de l’Empa et a enseigné à l’ETH Zurich. Cet expert reconnu en acoustique spatiale et environnementale continue, même à la retraite, à s’engager pour une meilleure qualité sonore dans les espaces extérieurs.

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